04 décembre 2010
Il convient de répéter urbi et orbi que le coup de force engagé cette nuit par le pouvoir espagnol, avec la militarisation des aéroports et l’état d’urgence pour obliger les contrôleurs aériens à cesser leur grève sauvage qui laisse à terre deux millions de voyageurs, l’a été par un gouvernement socialiste.
J’insiste : qu’auraient dit l’Internationale socialiste, le PS français et tous les autres camouflés du Grand soir, si cette mesure avait été prise par la droite ? « Le franquisme reprend la main en Espagne », sans nul doute.
Aux Baléares, ce sont des policiers de la Garde civile – terreur des Républicains sous Franco – qui ont obligé les contrôleurs à se remettre au travail sous la menace de leurs pistolets. Je n’invente rien. Cette révélation a été faite par le porte-parole local des grévistes, Javier Zanon. « On dirait que l’on vit dans une dictature du tiers-monde », a-t-il commenté.
Puisqu’il s’agirait de dictature, lui et ses coreligionnaires semblent oublier qu’ils en usent depuis belle lurette : celle de la mafia. Ces fonctionnaires espagnols ne travaillent que 32 heures par semaine et gagnent entre un et deux millions d’euros par an, dans un pays où le SMIC dépasse à peine la moitié de son équivalent français, grâce au chantage permanent auquel a mis fin le socialiste Zapatero, président du gouvernement. Mais c’est surtout son adjoint, Alfredo Perez Rubalcaba, appelé à mon avis à un brillant avenir sous le faux air bonasse que lui confère sa barbe de timide mendiant, qui a pris les rênes dans ce combat contre le syndicat de la mafia aéroportuaire.
Peut-on espérer que cette première, dans l’histoire démocratique espagnole depuis la mort de Franco en 1975, fasse tache d’huile en France ? J’en doute, mais sait-on jamais…Le mollasson Nicolas Sarkozy, un faux dur de première, imitera-t-il Madrid si la caillera de banlieue recommence la pagaille, ou si les privilégiés de la SNCF et de la RATP empêchent les salariés de se rendre à leur travail ? L’armée sera-t-elle invitée à remettre de l’ordre en France dans de telles atteintes aux libertés, comme le souhaite la majorité des citoyens ?
Si l’ex-président Jacques Chirac avait eu le courage de décréter la manière forte, comme l’Espagne hier, pendant la grève tragique de cinq semaines du transport public en 1995, les fonctionnaires de la SNCF, de la RATP et des autres entités privilégiées de l’Etat, seraient aujourd’hui obligés de travailler comme tout le monde, et non pas de continuer à prendre leur retraite à 50 ans !
Je résumerai en vous disant « Bravo » pour ce beau papier!