Archive de la catégorie ‘M19’

L’ARGENTINE CONDAMNE A LA PRISON A VIE L’EX-DICTATEUR JORGE VIDELA (85 ANS), APRES LA LEVEE DE SON AMNISTIE MAIS LA COLOMBIE N’ABROGE PAS CELLE QUI PROFITE AUX TUEURS DU M-19

Jeudi 23 décembre 2010

 

 

23 décembre 2010 

Les terroristes d’Amérique Latine peuvent continuer à dormir sur leurs deux oreilles quand ils ont bénéficié d’une amnistie, à la lumière de ce qui se passe actuellement en Colombie et en Argentine, les pays les plus peuplés du Cône sud après le Mexique. 

Voyons les faits, rien que les faits. 

Agé de 85 ans, l’ancien dictateur argentin Jorge Videla (1976-1981) a été condamné hier soir à la prison à vie par un tribunal de Cordoba pour l’exécution d’opposants et d’autres crimes contre l’humanité. Il avait déjà été condamné à la perpétuité en 1985 lors d’un procès historique de la junte militaire pour les crimes commis sous la dictature (1976-1983), qui a fait 30.000 disparus, selon les organisations de défense des droits de l’homme. Mais la peine avait été effacée en 1990 par une grâce de l’ex-président Carlos Menem, qui a à son tour été déclarée anticonstitutionnelle en 2007, une décision confirmée par la Cour suprême en avril. Cette dernière avait également abrogé les lois d’amnistie des crimes de la dictature en 2005.
Depuis, plusieurs procédures ont été engagées contre Jorge Videla, fervent catholique qui faisait figure de modéré avant de prendre la tête du putsch du 24 mars 1976 contre le gouvernement d’Isabel Martinez de Peron et de diriger le pays jusqu’en 1981. Ces années ont été les plus dures du régime militaire.
A Cordoba, l’ancien général moustachu était jugé depuis début juillet avec 29 autres personnes pour l’exécution de 31 détenus politiques. Des preuves suffisantes ont été réunies « pour affirmer que (Jorge Videla) était le plus haut responsable de l’élaboration de ce plan d’élimination des opposants appliqué par la dictature militaire », avait estimé la semaine dernière, le procureur Maximiliano Hairabedian.
« J’assume pleinement mes responsabilités. Mes subordonnés se sont contentés d’obéir à des ordres », avait pour sa part déclaré l’ancien homme fort du régime militaire à la veille du verdict.
Il devra purger sa peine dans une prison civile et non militaire.
Jorge Videla a toujours nié les violations flagrantes des droits de l’homme commises sous la dictature (tortures, vols de la mort d’où étaient jetés vivants des dissidents depuis des hélicoptères de l’armée dans le rio de La Plata) et revendiqué « l’honneur de la victoire dans la guerre contre la subversion marxiste ».
Poursuivi pour vols de bébés d’opposants, un crime non couvert par la grâce de 1990, il avait déjà été placé en arrêt domiciliaire de 1998 à 2008, avant d’être transféré en détention préventive dans l’attente de ses multiples procès fin 2008.
Dès 2001, il avait aussi été poursuivi pour sa participation au Plan Condor, mis sur pied conjointement par les dictatures d’Argentine, du Chili, du Paraguay, du Brésil, de la Bolivie et de l’Uruguay en vue d’éliminer leurs opposants.
Videla a eu sept enfants avec sa femme. Le troisième d’entre eux, décédé à l’âge de 19 ans en 1971, était handicapé mental et a été placé un temps dans une institution spécialisée où travaillait Léonie Duquet, l’une des deux religieuses françaises disparues pendant la dictature avec Alice Domon.
Le procès du principal suspect de leur enlèvement et de leur meurtre, l’ex-capitaine de la marine argentine, Alfredo Astiz, surnommé l’ »ange blond de la mort », a débuté il y a un an à Buenos Aires.
Au total, 150 anciens membres des forces de l’ordre ont été condamnés pour violations des droits de l’homme commises sous la dictature, selon le centre d’information judiciaire. 

Nul démocrate ne peut éprouver la moindre pitié pour Videla, coupable des atrocités commises sous sa dictature. 

Nul démocrate digne de ce nom ne peut non plus admettre la loi de « deux poids et deux mesures » en vigueur en Amérique du Sud. 

Tout d’abord, la justice argentine prononce cette condamnation 30 ans après les faits, contre un vieillard de 85 ans, alors que cette peine aurait dû lui être infligée en 1985. Mais surtout, il faut rappeler une série de données : 

1-  Sous le régime démocratique du radical  Raul Alfonsin (1983-89), les lois Nunca mas (Jamais plus), Punto final (Point final) et Obediencia debida (Devoir d’obéissance) furent adoptées respectivement en 1984, 1986 et 1987. Ces mesures d’amnistie touchèrent aussi bien les militaires que 9.000 terroristes, dont les terribles Montoneros. Or ces amnisties ont été abrogées en 2007, mais uniquement au détriment de Videla et consorts ! Aucun jugement n’a été engagé contre les rebelles qui avaient provoqué le coup d’Etat de Videla en 1976 contre  Isabel Peron par leurs menées subversives. 

2-  Le même phénomène continue de s’appliquer en Colombie. Les chefs terroristes du M-19, auteurs de massacres et enlèvements en masse, ont été amnistiés en 1990. Ils se pavanent dans la société colombienne, à l’image du gauchiste Gustavo Petro, candidat à la présidence en 2010, d’Antonio Navarro Wolff, actuel gouverneur du Narino, ou encore de Rosemberg Pabon Pabon, devenu directeur de l’économie solidaire dans l’administration actuelle.  Nul ne doit oublier la tragédie du Palais de justice de Bogota en 1985. Plus de cent personnes dont 60 juges avaient péri tués ou brûlés vifs dans cette enceinte incendiée par le M-19 à la demande du chef du cartel de la cocaïne, Pablo Escobar, pour détruire les dossiers des narcotrafiquants en passe d’être extradés aux USA, contre six millions de dollars. Tous ces criminels bénéficient de l’amnistie, mais le héros de la reprise du Palais de justice en 1985, le colonel Alfonso Plazas Vega, vient d’être condamné à une peine de 30 ans de prison, pour la présumée disparition de 11 personnes à cette occasion, alors que la justice avait déjà conclu auparavant à son innocence. Cette condamnation a été prononcée par une juge,  Maria Estella Jara, à partir de faux témoignages avérés et démontrés par la défense. La magistrate s’est exilée en Allemagne depuis lors, sans avoir daigné démontrer la véracité des accusations. 

3-  Je vous laisse conclure…